Il y a une expression anglophone que j’adore :
« When the shit hits the fan ». Quand la merde atteint le ventilateur.
Imaginez la seconde d’après : voilà où j’en étais.
« When the shit hits the fan ». Quand la merde atteint le ventilateur.
Imaginez la seconde d’après : voilà où j’en étais.
Je venais de me séparer, avec deux enfants en bas âge, pas de parents en soutien, des finances au plus bas, une carrière au point mort et un fond de crise familiale. A 37 ans, j’en étais arrivée à l’amer constat qu’à part mes enfants, j’avais raté ma vie.
Si tu ne fais rien, c’est la fin. Tu te dois de trouver un truc, un truc, aussi minime soit-il, qui te fasse sourire et qui te permette de passer la journée. Qu’est ce que j’ai toujours aimé faire? Qu’est ce qui m’a toujours permis de résister? Dessiner! So draw Alexia…
J’ai commencé un blog BD.
Je me suis lancée un soir du fond de mon petit salon. Et j’ai commencé à parler. Même si tout le monde s’en foutait. J’étais plus à ça près.J’ai choisi un pseudo et j’ai commencé à raconter ma vie en version édulcorée, exagérée, fantasmée. C’était trash. Sans phare. Parfois mal dessiné. Naïf. Souvent superficiel, parfois vénère, passionné, quelques fois génial, et souvent raté. Mais quoi qu’il advienne, je postais. Et qu’est ce que c’était bon! Je me suis imposée un rythme soutenu : poster 3 fois par semaines. C’était vital. J’y travaillais tous les soirs après le coucher des bébés.
Rapidement, mon trait s’est assoupli, mon imaginaire s’est développé. J’ai pris confiance en moi. J’ai arrêté de me regarder faire, pour petit à petit me donner la permission de jouer, d’essayer, d’interpeller, de m’amuser. De lâcher prise.
Comme je kiffais ces soirs où je finissais de mettre en page les dessins qui allaient devenir ma prochaine note de blog, et qu’enfin je me décidais à appuyer sur le bouton “PUBLIER!”
C’est une drôle d’impression que de laisser partir une idée dans le cyberspace. Comme un vertige. Comment sera t-elle perçue? Quelle sera son impact? Comment va t’on se l’approprier? Sera t-elle au moins vu?Toutes ces questions, me faisaient tenir jusqu’au lever du jour.Et puis, de lendemain, en lendemain, ma vie s’est redressée. La lumière a émergé.
And when the light hits the fan… Un soir, dans un bar, je papotais avec une amie chère des directions que pourraient prendre mon blog. Je postais depuis presque un an alors et développais, à ma plus grande surprise, un public fidèle et grandissant.
C’est en faisant la queue pour notre troisième verre, que mon amie hilare tomba nez à nez sur un de ces anciens potes de lycée.Celui-ci exerçait un drôle de métier. Un truc autour du dessin, que je ne comprenais pas bien. Intimidée, j’osais quelques questions. C’est ainsi que je découvrais pour la première fois ce métier : le scribing. Ce fut quasi instantané. Je connaissais ce langage… En quelques étapes, aligner une idée sur un visuel. Dessiner sans brouillon, ni crainte du résultat. Trouver un début, un rebondissement, une fin – une boucle sur un thème. Révéler et accompagner l’idée. Ecouter. Reconnaître les différents niveaux de lectures, montrer le rire, l’émotion, le ridicule ou le tragique d’une situation. Penser décalé, humain et imparfait. Aider.
Tout fit sens. Mon monde imaginaire, le dessin, mes études, mes voyages, mes expériences de taf, de vie… J’avais trouvé.
A 37 ans, j’avais enfin trouvé le job de mes rêves.